HISTOIRE DES MARQUES D'OIES ET DE CANARDS

 

 

De tout temps le Briéron a élevé des oies et des canards. Quand le propriétaire d'une jeune oie (piche) décide de constituer un nouveau couple il recherche auprès des autres éleveurs un jeune jars (Jas) bien alerte, vif (vioge) et fort. Il lui est alors fait une entaille (fiêt) sur le coté de la patte pour signifier l’appartenance à son nouveau propriétaire.

Celui-ci les désigne par leur couleur ou leur particularité :

           

Ma piche biaude (jaune et marron clair) et mon jars beudouillé (tacheté blanc et noir )

Ma piche gare (blanche et noire ) et mon jars ardoisé (gris)

Ma piche bec noir ou bec sale (bec né)

Mon jars juppé (huppé). 

 

Ces palmipèdes et anatidés pondent fin décembre pour les « primes »( précoces) le plus souvent courant janvier.

L’éclosion survient au bout d’une couvaison de 30 jours, minutieusement suivie et tout particulièrement les derniers jours où les œufs sont « rayés » (mirés) pour éliminer ceux qui sont mauvais (non fécondés) ;

Quelques jours avant la sortie de l’oeuf , on dit alors :

- qu’ils lèvent,

    puis qu’ils :

- bougent,

- tapent

- et enfin bêchent.

Le jour même ou tout au plus dans les 2 ou 3 trois jours suivants les petits sont marqués.

 

L'origine des marques est très ancienne, mais ne peut se définir précisément.

Cette pratique fut dictée par la nécessité pour chaque éleveur de reconnaître son bien, lors du ramassage du troupeau de milliers d'oies et de canards vivant en liberté .

 

 

Les marques sont obtenues soit en entaillant ces palmes ou les orteils ce qui offre 12 possibilités sur les 2 pattes et plusieurs milliers de combinaisons (4095 et 65535 si l’on rajoute les « tétines ). Les marques appartiennent aux familles qui se les transmettent en les modifiant par une entaille supplémentaire dans la palme en "tétinant".

Depuis toujours ces marques sont du domaine privé. Chaque propriétaire possède sur un carnet les marques des familles voisines ou du village.

 

Une matrice en cuivre était visible autrefois au café de la Miterne à Mazin mais est hélas perdue aujourd'hui.

C'est une association d'éleveurs qui en 1953 réalisa un tableau que nous possédons.

Un tableau plus récent, 1968, est signé M.H.

L’association « La Pierre Chaude » a répertorié sur ordinateur toutes les marques existantes connues de St-Joachim, Trignac, St-Malo, St-André et St-Lyphard (environ 650)

 

Une cinquantaine de marques sont actuellement en usage.

 

Après 2 ou 3 semaines de basse-cour, la couvée est ensuite envoyée en pleine Brière.

Le jars l’oie et les pirauds forment alors une « bande », transportée par les éleveurs sur les marais de Rosé, Trignac, Pendille  ou de la Boulaie.

C’est ce qu’on appelle l’élevage à « pagalle » plus particulièrement réservé, aujourd’hui, aux pirauds ; cet élevage économique se prolonge jusqu’au début du mois d’août.

 

Autrefois ce type d’élevage concernait également les canards et la « couvée » comme on l’appelait comprenait la cane et ses canetons (le mâle restait dans la levée).

A une certaine époque l’ouverture de la chasse étant le 14 juillet, le ramassage avait lieu avant cette date. Ceux  qui n’avaient pas été repris faisaient parfois le bonheur de certains chasseurs.

Ce type d’élevage favorisait la prolifération des canards sauvages fréquentant la Brière, attirés par les canards domestiques.

 

Le ramassage (la rafle) des pirauds se fait début août.

Tôt le matin, les piraudiers embarquent dans leurs chalands, avec filets ou grillage et se dirigent vers le lieu de ramassage.

Une fois arrivés, le barrage est installé, disposé en arc de cercle en tenant compte du vent.. Pendant ce temps, les plus jeunes ou les plus alertes « piraudiers » s’enfoncent dans le marais pour rabattre les palmipèdes qui, docilement, se laissent pousser vers le lieu de capture.

Parfois, les jeunes oies, se sentant pousser des ailes, prennent leur envol.

Les pirauds, prisonniers du barrage que l’on referme, sifflent et cacardent à qui mieux mieux.

Malgré ce vacarme et cette agitation, trois ou quatre solides garçons pénètrent dans le cercle pour s’emparer de leur prise. ; ils les remettent à leurs compagnons restés à l’extérieur du barrage, ces derniers plient les ailes, attachent les pattes après avoir consulté  les marques et déterminé leurs propriétaires.

 

Ils sont alors chargés dans les chalands, chaque propriétaire revient avec ses pirauds qui seront parqués dans un enclos pour être ensuite vendus à un volailler ou pour la consommation familiale de l’éleveur.

Au mois d’octobre ou novembre les éleveurs vont chercher en Brière leurs couples reproducteurs, les gardent dans les levées pour la reproduction et un nouveau cycle recommence.